
Un guide pour ouvrir des portes que lâon croyait fermĂ©es Ă double tour đ
Câest Ă©trange comme la vie, parfois, se charge de nous montrer quâil suffit de ralentir et de regarder diffĂ©remment pour que notre perception change.
Une simple phrase, une image, une conversation, et soudain quelque chose bascule. Je repense Ă ces instants oĂč, en clarifiant ce que lâon ressent, en dĂ©cortiquant ce que lâon perçoit, on ouvre un espace, minuscule mais essentiel, pour se comprendre et se donner la possibilitĂ© dâĂȘtre compris. Câest cela, je crois, que la Communication Non Violente (CNV) nous propose : un retour Ă soi, un art de lâĂ©coute et de lâexpression authentique qui permet de reconstruire les ponts lĂ oĂč il nây avait plus que des murs.
Et pour cela elle nous apprend Ă dĂ©mĂȘler ce que nous visons Ă lâaide de diffĂ©renciations clĂ©s. Ces distinctions, loin d'ĂȘtre des dĂ©tails, nous aident Ă traduire le langage chacal en langage girafe đșđŠ (voir lâarticle « Voici un duo inattendu) pour sortir des schĂ©mas rĂ©actifs et Ă dĂ©velopper des relations plus harmonieuses.
1. DiffĂ©renciation 1 : Observation vs. Jugement đ
Câest tellement simple Ă dire, presque banal. Mais essayez, juste une fois, de dĂ©crire ce que vous voyez, sans lâinterprĂ©ter. "Il est arrivĂ© Ă 18h et nous avions rendez-vous Ă 17h30", et non "Il est encore en retard". Câest subtil, mais tout change. Le jugement ferme. Lâobservation ouvre.
Et ce qui mâattriste le plus lĂ -dedans câest que nos jugements sont quasi automatiques et vont plutĂŽt focaliser sur ce qui ne va pas.
On sâen rend compte trop tard, souvent. Quand les mots que nous avons prononcĂ©s se sont transformĂ©s en flĂšches et ont mis lâautre au mieux sur la dĂ©fensive. Le fameux tu qui tue : « tu es encore arrivĂ© en retard ! »
Pourquoi est-ce important? En apprenant Ă dĂ©mĂȘler les faits de nos interprĂ©tations et jugements (notre film intĂ©rieur), nous posons une base neutre et bienveillante qui permet dâouvrir le dialogue sans accusation.
La principale difficultĂ©Â ? ĂȘtre totalement factuel đ
Le petit truc pour nous aider : nous demander « sâil y avait une camĂ©ra qui avait filmĂ© la scĂšne quâest-ce quâelle montrerait ? »
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2. DiffĂ©renciation 2 : Sentiments đ« vs. Evaluations masquĂ©es đŹ
Câest comme enlever un masque pour se voir et se montrer tel que nous sommes vraiment. Prendre la responsabilitĂ© de nos ressentis. Parfois mĂȘme oser ressentir notre vulnĂ©rabilitĂ©. Nos sentiments sont toujours vrais pour celui qui les vit. Ils sont parfois agrĂ©ables (joie, gratitude...) et parfois dĂ©sagrĂ©ables (colĂšre, honte, culpabilitĂ©...) Et surtout, surtout, ils ne sont liĂ©s quâĂ nous. Ils sont notre GPS intĂ©rieur.
Dire "Je suis triste." Oui.
Dire "Je me sens abandonnĂ©". Non. Il s'agit d'une Ă©valuation masquĂ©e. Car ce nâest plus parler de soi, câest porter Ă lâautre une intention.
Câest lĂ que tout se joue : dans distinction fondamentale entre "je ressens" et "tu es la cause". Lorsque jâai dĂ©couvert cette diffĂ©renciation ça a Ă©tĂ© un Ă©lectrochoc pour moi car Ă lâĂ©poque je croyais quâil suffisait de dire « je me sens » pour parler dâun sentiment.
Et si, au lieu de chercher un coupable, on revenait Ă soi ? Ă nos besoins ?
Pourquoi est-ce important? Nos sentiments sont le reflet de nos propres besoins non satisfaits, et non pas causĂ©es directement par les actions de l'autre. PlutĂŽt que de dire "Tu me rends furieux", on peut dire "Je me sens furieux car jâai besoin de respect dans notre Ă©change".
Cette distinction nous permet ainsi de sortir du rĂŽle de victime en prenant notre responsabilitĂ© dans ce que nous vivons au lieu dâaccuser lâautre.
La principale difficulté ? accueillir pleinement chaque sentiment (agréable ou désagréable)
Le petit truc pour nous aider : Respirer et nous remémorer que chaque sentiment est le reflet de nos besoins
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3. DiffĂ©renciation 3 : Besoins Universels đ vs. StratĂ©gies
Marshall Rosenberg disait que "les jugements sont lâexpression tragique de besoins non satisfaits".
Ces besoins, universels, sont nos Ă©lans de vie. Quand ils sont satisfaits nous ressentons des sentiments confortables (joie, enthousiasmeâŠ) et quand ils ne le sont pas des sentiments dĂ©sagrĂ©ables (colĂšre, frustration, tristesseâŠ).
Respect, connexion, libertĂ©, sĂ©curité⊠Nous les portons tous en nous. Nous nous rejoignons tous lĂ , mĂȘme si nous nâavons pas tous le mĂȘme besoin, au mĂȘme moment, Ă la mĂȘme intensitĂ©. Mais les chemins pour les nourrir diffĂšrent : Il y a 1000 et une maniĂšres de nourrir ces besoins.
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Et câest souvent lĂ que les conflits đ€Ź naissent : quand nos stratĂ©gies sâopposent, alors que nos besoins, eux, pourraient se rejoindre.Â
Une stratĂ©gie est la maniĂšre spĂ©cifique que nous choisissons pour satisfaire un besoin (par exemple, aller marcher en forĂȘt pour nourrir un besoin dâĂ©vasion). Chacun a ses propres stratĂ©gies et elles divergent souvent.
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Pourquoi est-ce important? Beaucoup de conflits proviennent du fait que les personnes focalisent sur les stratégies au lieu de remonter aux besoins. Selon Marchall Rosenberg, si les besoins des parties prenantes sont vraiment rencontrés alors une solution émerge naturellement. Cette distinction, nous permet de rester ouverts et flexibles dans nos échanges.
La principale difficultĂ©Â ? RepĂ©rer le besoin racine chez soi et/ou chez lâautre (le plus important dans ce qui se vit Ă lâinstant T) et ne pas chercher les besoins avec notre tĂȘte.
Le petit truc pour nous aider : nous demander « Si ce besoin est nourri, y a-t-il un autre besoin ? » et porter notre attention sur nos ressentis corporels
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4. DiffĂ©renciation 4 :Demande vs. Exigence đ
Une demande nâest pas une injonction dĂ©guisĂ©e. Câest une invitation, avec la libertĂ© pour lâautre de rĂ©pondre ou non. "Pourrais-tu mâĂ©couter ce soir ?" Ce nâest une vraie demande que si je suis prĂȘte Ă accepter un "non" â.
Sinon câest une exigence⊠parfois formulĂ©e de maniĂšre trĂšs polie mais une exigence quand mĂȘme
Et si lâautre dit "non" ? Et parfois mĂȘme sans y mettre les formes alors que nous avons pris tant de soin Ă exprimer notre OSBDâŠ
Peut-ĂȘtre dit-il "oui" â Ă un de ses propres besoins...
Cela demande de se rappeler que les relations respectueuses ne se construisent pas dans le contrÎle, mais dans la liberté.
Pourquoi est-ce important ? le passage dâune exigence Ă une demande est fondamental pour entretenir des relations basĂ©es sur la libertĂ© et le respect. Exprimer une demande ouverte et sans pression donne Ă lâautre la possibilitĂ© de rĂ©pondre avec authenticitĂ©.
La principale difficultĂ©Â ? CrĂ©er des demandes timĂ©es, concrĂȘtes et prĂ©cises. Et⊠accepter que lâautre puisse me dire non đ
Le petit truc pour nous aider : nous rappeler que si lâautre nous dit non câest quâil dit oui Ă un de ses besoins. Et dans ce cas nous mettre Ă lâĂ©coute de ses besoins
đ Et si tout Ă©tait lĂ ?
Il y a quelque chose de bouleversant dans lâidĂ©e quâen clarifiant ce que lâon ressent, ce que lâon observe, nos besoins, ou ce que lâon demande, on peut transformer nos relations. Ce nâest pas magique. Ce nâest pas toujours facile. Mais câest une clĂ©.
Une clĂ© pour ouvrir des espaces de comprĂ©hension lĂ oĂč il nây avait que des incomprĂ©hensions. Une clĂ© pour permettre Ă chacun dâĂȘtre pleinement lui-mĂȘme dans des relations harmonieuses et respectueuses. Une clĂ© pour que le langage ne soit plus un outil de sĂ©paration, mais de connexion.
đ Et si, avant de parler, on prenait juste un instant pour ressentir ? Pour discerner ? Une pause. Une respiration. Ralentir pour ressentir et discerner. Ralentir pour prendre nos responsabilitĂ©s. đą
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